Le profil : un nouveau territoire imaginaire ?

Roch Delannay

3/27/24

Plan de la séance

  1. Hypothèse et Problématique
  2. La bibliographie
  3. Le profil comme territoire

1. Hypothèse et Problématique

1.1 Hypothèse

Profil = territoire

[…] envisager le profil comme une nouvelle matrice qui serait commune à diverses logiques, en particulier mémorielles, collectives, identitaires, mais aussi à des logiques plus stratégiques, communicationnelles, voire à des logiques relevant du marketing .

1.2 Le profil

Jean-Baptiste Regnault, Dibutade ou l’Origine de la peinture

1.3 Le profil comme une nouvelle matrice

  • « fédérer des communautés autour de récits unifiants »
  • « un nouvel élément structurant des espaces numériques et surtout des modes de navigation, de partage, de documentarisation et d’identification »

1.4 Problématique

À l’époque de la personnalisation des contenus, quelles sont les modalités d’organisation des communautés, du nous ?

2. La bibliographie

  • Louise Merzeau : mémoire (2006), trace (2009), présence (2010), médiation (2012), profil (2016), médiation identitaire (2012), individu média (2012),
  • Dominique Cardon : design ? (2008)
  • Bernard Rieder : distance informationnelle (2010)
  • Le Béchec, Boullier : échelle territoriale (2014)
  • Michel de Certeau : espace et lieu (1990)
  • Coutant, Stenger : enquête à propos des profils – invention d’informations – (2010)

2.1 La distance informationnelle

La notion de distance informationnelle pourrait être définie comme la probabilité qu’un internaute se trouve confronté à une certaine information (un document, une idée, etc.). Pensée comme relationnelle, cette distance dépend à la fois de l’usager, de l’information et de l’ensemble des couches médiatrices. Dans un certain sens proche du « surfeur aléatoire », avancé par les créateurs de Google dans leur présentation de PageRank (Brin et Page, 1998), le concept s’en distingue entre autre par une vision plus large de l’espace numérique en question. Car le Web n’est plus un espace topologique simple composé de pages statiques et de liens, il est de plus en plus sillonné par des systèmes hiérarchisant, filtrant et suggérant qui court-circuitent les chemins de navigation par lien. Plutôt que de censurer ou de dicter, ces systèmes modifient la distance qui sépare un utilisateur d’une information, distance que l’on pourrait exprimer, en termes simples, par le nombre de clicks qu’il faut pour la traverser. Mais une telle réduction risquerait de cacher le fait qu’afin de comprendre une pratique informationnelle dans sa profondeur, maints facteurs entrent en jeu, notamment le niveau de connaissance de l’usager et la disponibilité de chemins alternatifs qui pourraient passer par le travail éditorial ou le « bouche-à-oreille ». Le concept de distance informationnelle devrait donc permettre de penser ensemble dispositif technique et configuration sociale.

  • Bernhard Rieder, « Pratiques informationnelles et analyse des traces numériques : de la représentation à l’intervention », Études de communication [En ligne], 35 | 2010.

2.2 Échelle territoriale

Grâce à cette approche, nous pouvons préciser la façon dont se compose une échelle territoriale régionale, en étant attentif à toutes les médiations qui la font tenir.

Nous souhaitons montrer que le web territorial est tissé à partir de liens créés par des attributs bien précis qui ont des capacités de circulation particulières et qui font tenir des collectifs à géométrie variable. L’émergence du web, et plus particulièrement du web dit 2.0 permet aux internautes de contribuer, d’écrire et de publier (User Generated Content) sans impératifs professionnels ou politiques sur le read and write web. Ces pratiques bouleversent les médiations comme supports et comme éléments culturels partagés.

  • Mariannig Le Béchec, Dominique Boullier. Communautés imaginées et signes transposables sur un ’web territorial’. Études de communication - Langages, information, médiations, 2014, 2, pp.113 - 126.

2.3 Espace et lieu

Dans L’invention du quotidien, Michel de Certeau oppose ainsi les « marcheurs » (qui pratiquent l’espace) aux « voyeurs » (qui ignorent les pratiques). Cette opposition se retrouve dans l’analyse des modes de représentation de l’espace proposée par De Certeau : une opposition entre les « parcours » et les « cartes ». À partir du xviiie siècle, la « carte » s’est imposée dans le discours scientifique, en refoulant les pratiques. L’auteur propose donc de rechercher les enjeux de pouvoir ou d’intérêt qui se dissimulent derrière des discours ou des représentations présentées comme neutres ou réelles.

  • VIDAL Frédéric, « Faire la ville et pratiquer des lieux. L’histoire du tourisme sur les pas de Michel de Certeau », Revue d’Histoire des Sciences Humaines, 2010/2 (n° 23), p. 99-115

2.4 Petit détour par la carte

De la rigueur de la science.

… En cet empire, l’Art de la Cartographie fut poussé à une telle perfection que la Carte d’une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l’Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l’Empire qui avait le Format de l’Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l’Étude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l’abandonnèrent à l’Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l’Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte; des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n’y a plus d’autre trace des Disciplines Géographiques. (Suarez Miranda. Viajes de Varones Prudentes, Lib. IV, Cap. XIV, Lérida 1658). Cité par Jorge Luis Borgès

  • Jorge Luis Borgès, Histoire de l’infamie, histoire de l’éternité, Le Rocher, 1951, Union générale d’éditions, Paris, p. 129-130.

3. Le profil comme territoire

l’identité numérique n’est plus la projection d’une immanence ou d’une identité qui existerait en-dehors, mais bien quelque chose qui fait référence à soi, qui est dans l’autoréférence. L’identité elle-même servira de support, de relais, de balise, de cadre organisateur à l’ensemble des échanges d’information. C’est dans cette mesure que, pour ma part, je parle « d’individu média » (Merzeau, 2012).

3.1 La gestion des distances informationnelles

le fait d’administrer un profil consiste de fait, en tout premier lieu, à gérer des distances, à régler des curseurs qui réglent des distances informationnelles. À mesure que le volume des contenus disponibles sur le réseau augmente et que leur nature se diversifie, le web en lui-même est de moins en moins cartographiable par des index de liens ou des cartes statiques. Pour s’orienter, l’internaute a besoin d’anamorphoses mouvantes qui rapprocheront ou éloigneront telle ou telle ressource, en fonction du moment, de ses intérêts, de ses besoins, de manière très contingente et mobile

3.2 Territoire et mémoire

  • Le profil comme support et producteur de la mémoire

Conclusion

  • Problématique
  • Hypothèse